Vous vous attendez à un article sur le désir charnel ? Vous risquez fort d’être déçu…
Les propos qui suivent concernent l’envie dans le cadre professionnel. Pourquoi a-t-on envie d’aller travailler ? Envie d’avancer ? Envie de suivre ou non un manager et ses consignes ? En toute logique, nous évoquerons aussi les freins à l’envie. Quelles sont les conséquences possibles d’une démotivation dans le cadre professionnel ?
Ce ne sont pas les envies qui manquent…
Le terme « envie » est extrêmement courant dans notre vocabulaire quotidien. Il y a tout un tas de choses dont on a envie ou non… On a envie de quelque chose ou de quelqu’un. Et puis il y a l’envie avec un sens péjoratif : être envieux. Convoiter le bien d’autrui.
Mais qu’en est-il de cette énergie intérieure qui nous aide à nous lever le matin pour entreprendre tout ce que l’on a à faire et notamment accomplir ses tâches professionnelles ?
Certes, me direz-vous envie ou pas, il faut bien gagner sa vie, et, à de rares exceptions près, cela ne saurait se faire en restant au chaud sous sa couette… Dès le plus jeune âge, il y aura certains jours où l’enfant dira « j’ai pas envie d’aller à l’école », puis adolescent on retrouvera la même formule qui cette fois se traduira par de véritables absences… Qui peut se targuer de ne pas avoir concrètement vécu l’expression « sécher les cours ». Expression qui semble venir d’un autre temps, celui des encriers encastrés dans les tables des écoliers. En ne se rendant pas à l’école, l’encre pouvait finir par sécher… Ce qui donna l’expression « sécher l’école »…
Adulte, plus responsables et davantage conscients des enjeux qui nous tiennent, nous agirons souvent même si l’envie n’est pas là. Dans le cadre professionnel, c’est souvent le besoin qui fait foi. Je n’ai pas envie d’aller travailler mais j’y vais parce que j’en ai besoin. Je n’ai pas envie de faire cette intervention à l’oral, mais je n’ai pas le choix. Je n’ai pas envie de travailler avec cette personne mais cela s’impose à moi. Tandis que le besoin semble souvent venir de l’extérieur et nous force à l’adhésion parfois malgré nous, l’envie en revanche semble venir du fond de nous.
Interrogez-vous sur l’effet que produisent sur vous les formules suivantes. Si quelqu’un vous dit « j’ai besoin de te voir » et si l’on vous dit « j’ai envie de te voir ». Dans le premier cas, on sent bien qu’il y a une demande impérieuse, probablement guidée par un motif précis. Alors que dans la seconde formule, il y a quelque chose de plus ouvert et plus impliqué à la fois.
Envie ou besoin ?
Si l’on transpose notre propos dans l’univers managérial, on pourrait établir le fait que le manager crée chez le collaborateur des besoins. Etre ponctuel, être respectueux de la hiérarchie, atteindre des objectifs. Il est en ce sens, le garant de la motivation des équipes, la motivation passant souvent par un but à atteindre. Alors que le leader -qui n’est d’ailleurs pas nécessairement un manager- a pour effet de provoquer chez l’Autre, l’envie. C’est tout le sens de la définition du leadership d’Eisenhower « le leadership, c’est l’art de faire faire à quelqu’un quelque chose que vous voulez voir fait, parce qu’il en a envie ».
On mesure bien la différence entre les deux postures et le niveau de difficulté correspondant. Donner un ordre reste relativement facile. On s’appuie pour cela sur sa propre légitimité. On ne s’interroge pas alors sur le niveau d’implication de celui dont on attend quelque chose. Le chef dicte, le subordonné exécute. Le leader en revanche, s’il attend lui aussi un résultat, ne procède pas par la force mais s’intéresse aux ressorts de la motivation de celui qu’il sollicite. Il mise également sur sa propre envie. Car parfois cette seule envie, si elle est intense et visible, devient communicative et peut suffire à susciter l’adhésion. Qui aurait envie de suivre un manager qui ne semble pas lui-même convaincu ? Qui souhaiterait s’inscrire dans le sillage d’un manager incapable de montrer et de partager sa passion ?
La question du sens
On parle aujourd’hui beaucoup dans les entreprises de la notion de sens. Encore plus avec les jeunes générations qui estiment souvent ne pas pouvoir travailler sans comprendre la finalité de leur travail. Les générations Y ou X ne se bornent plus à être des exécutants comme le furent dans bien des cas leurs parents et grands-parents… Ces nouvelles générations ont besoin de connaître le sens de leur action. Sans cela, elles se démobilisent et finissent par partir…
Derrière cette question du sens, se cache un des fondements de la motivation : le besoin de se sentir utile. Savoir pourquoi on va travailler, à quoi sert notre travail au quotidien. Dans les entreprises trop cloisonnées, il arrive qu’on ne connaisse pas tout à fait la finalité de chacune de nos actions, quelles en sont les conséquences, en quoi elles impactent l’activité des autres collaborateurs, des autres services.
Qu’en est-il de l’individu qui précisément ne trouve plus aucun sens à son travail ? Tout lui semble dérisoire, sans intérêt. Derrière les questions qu’il se pose sur son rôle dans l’entreprise, sur sa place dans l’équipe, ce sont des interrogations plus profondes qui le tenaillent : pourquoi suis-je là ? Quel est le but de mon existence ? En quoi mon activité professionnelle contribue à mon épanouissement personnel, en quoi elle justifie ma présence et plus largement mon existence ?
Faute de réponses à ces questions, l’individu a tendance à se perdre, à se consumer de l’intérieur, ce qui est la traduction littérale de « burn-out ».
Ne plus avoir envie dans le cadre personnel comme professionnel est en soi symptomatique. Remarquez l’effet que produit sur vous une personne se confiant et disant « je n’ai envie de rien en ce moment… » On ne peut s’empêcher d’imaginer que la déprime n’est pas loin… Dans le pire des cas, la dépression.
On l’aura compris, il est donc fondamental non seulement d’avoir envie, mais également d’entretenir tout ce qui est source de motivation. L’envie est souvent notre moteur. Mais un moteur ne sert pas à grand chose dans un véhicule sans carburant ! D’où l’importance d’identifier ce qui nous fait avancer, ce qui compte pour nous dans notre quotidien professionnel et d’essayer, autant que faire se peut, de s’en rapprocher.
Rappelons-le, ce sont les managers versus Leader qui sont investis de cette mission cruciale : donner envie.
Et souvent, les collaborateurs ne demandent que ça… Qu’on leur donne envie…
Ça ne vous rappelle rien ?
« Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie… ».
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