Tout va trop vite, beaucoup trop vite. Non?

Déjà tout petit… 

Ça commence dès l’enfance… « Dépêche-toi tu vas être en retard à l’école… » Ou « Dépêche-toi, à cause de toi je vais être en retard au travail… ».

Et ça continue à l’adolescence… Et ça se poursuit à l’âge adulte.

 

Nous sommes conditionnés à devoir faire vite. Notre vie entière se passe à courir. Parfois courir après le temps.

On se plaint souvent : « les journées ne font que 24 heures ! » Heureusement, si elles faisaient 28 heures, on les remplirait tout autant.

 

Notre performance se mesure aussi au temps passé. Les objectifs sont fixés dans un temps donné. Oh peu importe comment on les atteint… Non, ce qui compte c’est qu’ils le soient en temps et en heure !

 

Le temps, c’est de l’argent.

Le temps a donc une valeur marchande. Il a un prix.

Pas étonnant qu’il soit si précieux, qu’on fasse tout pour ne pas le dépenser, le gaspiller. « Tu perds ton temps ».

 

« Je suis charrette » ! Belle expression qui nous vient du XIXe siècle. Elle était utilisée par les étudiants en architecture parisiens. Il arrivait souvent qu’ils soient en retard dans les travaux qu’ils devaient rendre. Pour les déposer plus vite à l’école des Beaux-Arts, ils utilisaient les charrettes des livreurs stationnées à proximité et étaient même parfois obligés de finir leurs travaux sur les charrettes !

Ça fait longtemps qu’on court. Après quoi ? On court après la gloire, on court après le succès… On court tout simplement pour ne pas être en retard… Un peu comme le lapin d’Alice aux pays des merveilles qui s’époumone à crier « je suis en retard, je suis en retard ! ».

 

Et si nous nous étions trompés ? Trompés tout ce temps… Si nous faisions erreur depuis des siècles ? Si notre salut résidait dans le fait de prendre le temps. « Nous prendrons le temps de vivre, d’être libre… »…  « Le temps, le temps, le temps et rien d’autre, le tien le mien celui qu’on veut nôtre… »… « Même en cent ans, je n’aurai pas le temps, pas le temps… »… Toutes les chansons nous incitent à prendre le temps et pourtant nous faisons le contraire.

 

La société, mais aussi l’entreprise, nous somment de nous dépêcher.

 

A.S.A.P.

Il y a de nombreuses années, dans un organisme de formation dont je faisais partie du comité de direction, un stagiaire me posait la question « Il vous faut tout ça pour quand ? ». Et moi de lui répondre ASAP. Il n’osa pas tout de suite me dire qu’il ne savait pas ce que cela signifiait. Et lorsqu’il se décida à franchir le seuil de mon bureau pour me dire qu’il n’avait pas compris de quel délai il disposait, je dus lui traduire l’acronyme et lui expliquer que derrière ces quatre lettres se cachait la formule As Soon As Possible, locution qui appartenait autrefois au langage militaire américain et qu’on retrouve désormis dans les mails des entreprises.

 

Faut-il vraiment que tout se fasse aussi vite que possible ? Imaginez à quel point votre stress diminuerait si, au lieu de vous entendre dire à longueur de journée « dépêche-toi », une autre voix plus bienveillante vous suggérait « prend tout ton temps »…

La notion du temps qui passe ou nous échappe, des deadlines qu’il ne faut absolument pas dépasser… tout cela nous conditionne constamment et aggrave encore un peu plus à chaque instant le stress déjà généré par la charge de travail…

Cette pression a conduit depuis longtemps certains cadres « au bord de la crise de nerf » à s’isoler pendant quelques jours, voire davantage, notamment dans des lieux de quiétude absolu comme des monastères.

 

Je me souviens d’une anecdote rapportée par l’un d’entre eux justement sur cette question de la gestion du temps.

Mêlé aux moines du monastère, il avait pour mission de préparer le petit déjeuner pour l’ensemble de la communauté plus d’une cinquantaines de moines. Ils étaient 6 personnes pour mener à bien cette tâche et devaient se lever à 5h00 du matin pour commencer à tout préparer. Un matin, un des six moines lui annonce que 2 des six autres étaient malades et qu’ils ne serait donc que 4 pour préparer les petits-déjeuners de l’ensemble des moines. 4 au lieu de 6 ? Et le même nombre de petits déjeuners à préparer ? Le cadre avait soudainement retrouvé ses réflexes entreprises. « Il ne faut pas perdre une seconde ! » s’écria-t-il. Mais le moine qui venait d’annoncer la nouvelle, loin d’adopter le même comportement, proposa au petit groupe une toute autre option. Ils les invita à sortir dans la cour du monastère pour méditer. Imaginez la réaction du cadre ! Méditer ? Alors qu’on est déjà en retard… Pourtant, il se plia à l’invitation du moine. Ils restèrent un moment ainsi à méditer, puis rentrèrent et préparèrent les petits-déjeuners qui furent prêts en temps et en heure.

Ce jour-là, le cadre compris beaucoup de choses sur son mode de fonctionnement, sur nos modes de fonctionnement et sur le fait qu’on pouvait aussi agir autrement.

 

Prendre le temps…

Peut-être devrions-nous arrêter d’essayer de gérer le temps mais tout simplement le prendre.

Les managers se plaignent d’avoir trop de tâches qui les empêchent de manager et donc de consacrer du temps à leurs équipes.

Je suis toujours frappé lorsque j’anime des formations d’entendre les professionnels dire à quel point ils sont contents d’avoir eu le temps d’échanger avec leurs collègues. Le rythme, le manque d’occasions, la charge les empêchent même de communiquer entre eux.

 

Mes lacets se cassaient…

Je m’en souviens encore. Il y a une vingtaine d’années, je cassais constamment mes lacets… Bien sûr cela arrivait toujours le matin, lorsque j’étais en retard. Mes enfants, que je pressais pour aller à l’école, ne manquaient pas de me le faire remarquer. C’était étrange. Cela m’arrivait souvent et pas forcément toujours avec les mêmes chaussures… Des lacets de mauvaise qualité ? Pas sûr.

Et puis, un déclic s’est produit. J’ai commencé à changer de regard. A m’intéresser au stress et aux moyens de le faire diminuer. J’ai pris le temps de penser, de respirer, de ne plus courir comme auparavant. Et miraculeusement, je ne cassais plus mes lacets. J’avais réussi à canaliser l’énergie négative qui se concentrait au bout de mes doigts et qui laissait peu de chance de survie aux malheureux lacets…

 

Nous ne sommes pas condamnés à subir. Pas obligés de rentrer dans cette spirale infernale. Nous avons le droit de nous poser, le droit d’être disponible pour nous-mêmes et pour les autres.

Et je suis prêt à parier qu’en usant et abusant de ce droit, l’entreprise aussi serait gagnante, car un salarié ressourcé, un collaborateur serein c’est aussi une force agissante plus efficace pour l’entreprise.

Pour notre bien-être, pour notre efficacité, prenons-le temps.

 

Et merci à vous d’avoir « pris le temps » de me lire jusqu’au bout…

 

 

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