Cette nuit, c’était ma première fois et j’ai décidé de vous la raconter…
Il faisait chaud. Très chaud…
Même fenêtres ouvertes, impossible de créer le moindre courant d’air.
Je n’arrivais pas à m’endormir… Après m’être retourné une bonne dizaine de fois dans mon lit, après avoir compté tellement de moutons que ma chambre débordait de gigots, je renonçai.
Chacun le sait, quand le sommeil ne vient pas, inutile de s’évertuer à vouloir le solliciter. Mieux vaut estimer que ce n’est pas encore le bon moment et passer à autre chose. Se lever.
Et c’est ce que j’ai fait.
Je me suis alors dit qu’il n’y avait pas d’heure pour écrire. Surtout qu’une idée me trottait dans la tête depuis un moment.
Alors, pour la première fois, je décidai d’écrire un nouvel article durant la nuit. Certains ont l’habitude d’écrire la nuit. Pas moi.
Écrit-on de la même façon le jour et la nuit ?
A-t-on les mêmes pensées ?
Je ne le savais pas encore, mais, n’ayant pas mieux à faire, je décidai néanmoins de laisser mes doigts jouer avec le clavier.
Cela faisait de longues minutes que cette expérience marquante de mon parcours professionnel titillait mes pensées nocturnes. Il était temps que j’en fasse quelque chose.
Il y a fort longtemps, je devais vivre une expérience riche et prenante à la fois qui allait, un peu plus encore, ciseler mon parcours professionnel.
Tout a commencé par un ancien contact, H.D. qui me fit savoir qu’on allait recruter une équipe de consultants pour une grosse mission d’outplacement dans le cabinet de renom où elle exerçait. A l’époque, mon activité était davantage centrée sur le repositionnement professionnel des cadres. Mon contact m’invita à adresser une candidature à la personne qui dirigeait le pôle concerné par ce chantier.
Je m’exécutai.
Le temps passait et je ne recevais pas de réponse.
Contactant le responsable de pôle, il me répondit que ma candidature était bien au chaud et qu’on reviendrait vers moi le moment venu.
Ce moment se faisant désirer, je revenais vers mon contact de départ à qui j’expliquai la situation. Mon contact ne comprenait pas très bien non plus et m’incitait à continuer à faire ce que je faisais déjà, à savoir relancer.
Un beau jour, en fin d’après-midi, je relance une fois de plus. Le responsable du pôle me dit que je tombe bien. Il est prévu le lendemain matin une réunion avec toute l’équipe qui travaillera sur le projet (l’accompagnement d’un plan social –on disait encore cela à l’époque- d’une très grande ampleur) en présence du client.
Il me propose de me joindre à eux.
Le lendemain matin, je me retrouve autour de cette grande table ovale, parmi une trentaine de personnes. Je n’en connais pas une seule. Je ne connais pas le client non plus et je ne connais pas la teneur de la mission.
Je n’ai pas grand-chose à perdre. Je joue franc-jeu et je l’avoue –comme j’aime à le faire- je me fais clairement remarquer durant la réunion.
En sortant de cette dernière, le responsable de pôle vient me voir et me dit que je suis recruté !
Je fais mes preuves pendant les deux premiers mois de la mission et ne tarde pas à me tailler une solide réputation au siège du client. Tous les grands directeurs semblent s’être passé le mot et expriment le souhait de me rencontrer pour faire le point sur leur évolution professionnelle. A ce stade de la mission, il s’agit simplement de permettre à chaque salarié de faire un point sur sa situation, ses compétences, ses motivations.
Des commentaires relatifs à mon efficacité arrivent aux oreilles du DRH du client. Cela m’est restitué de cette façon : « tous les cadres de l’entreprise ne jurent que par vous, Frédéric » Qu’est-ce que vous leur avez fait ? » Je suis très agréablement surpris et flatté par ces bruits de couloir.
Je dois faire face alors à une certaine jalousie de l’équipe dont je fais partie (une vingtaine de consultants) qui ne peuvent que constater que je marque chaque jour des points dans cette mission.
Un beau jour, le responsable de pôle m’annonce qu’une antenne emploi va être mise en place. Ce sera la plus grande antenne emploi voyant le jour en France (hors site d’une entreprise). Il me dit qu’il n’y a qu’une autorité de compétence capable de la diriger : moi !
J’aurais une équipe de 25 consultants, 3 assistantes et une plate-forme de plusieurs milliers de mètres carrés !
La mission s’avère dès le début à la fois passionnante et extrêmement éprouvante.
Le projet est médiatisé.
Les journalistes veulent, par tous les moyens, filmer les premières réunions d’informations destinées aux salariés, mais mon client s’y oppose.
Il ne veut aucune communication avant le démarrage des accompagnements.
Alors que je suis sur le point de démarrer l’une de ces réunions matinales devant une salle comble, j’aperçois des journalistes, caméra sur l’épaule, à l’entrée de la salle.
Je vais à leur rencontre et leur demande –faussement innocent- s’ils ont une autorisation pour filmer ici. Avec beaucoup d’aplomb, ils me répondent que oui ! Je leur demande qui les autorise à être présents et à filmer. Ils me répondent toujours avec le même aplomb « le directeur de l’antenne Emploi. Je souris et leur dis que ça m’étonnerait beaucoup. Parce que le directeur de l’Antenne Emploi… c’est moi !
Ils me disent qu’ils ont une autorisation écrite. Mais ils ne sont pas en mesure de me la montrer. Elle serait restée dans une de leurs voitures. Je leur propose de revenir, lorsqu’ils l’auront retrouvée. Ils sont probablement encore en train de la chercher… Car je ne les ai jamais revus !
Le lendemain, plusieurs de mes relations m’appellent pour me dire qu’ils m’ont vu au 20h de France 2, la veille, au moment précisément où je fermais les portes face à ces regards indiscrets…
Je me retrouvais alors propulsé quasiment du jour au lendemain à la tête d’une des missions les plus ambitieuses et périlleuses du moment !
Et la singularité de ma posture résidait dans le fait que je devenais soudainement pour les autres consultants arrivés comme moi, quelques mois auparavant, leur nouveau manager.
J’ai bien conscience, à cette heure avancée de la nuit (pour moi, pas forcément pour vous!), de vous raconter un peu une tranche de vie. Et dans toute tranche de vie professionnelle, il y a une problématique : comment manager des consultants qui étaient encore la veille vos collègues, qui sont en outre, parfois, plus âgés que vous et qui, de plus, ont parfois une plus longue expérience dans votre domaine d’activité ?
Même si cette situation n’est guère exceptionnelle dans le monde du travail, c’était une première fois pour moi.
Passionnant, mais éprouvant.
Je vous en dirai un peu plus dans un prochain article… qui y sera consacré, si cela vous intéresse…
Voilà. Pour une première fois, c’est déjà pas mal. Il est grand temps de vérifier si le sommeil me guette enfin et si le troupeau de moutons s’est dissipé dans mon lit.
Ne partez pas déjà!
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