Ce matin, je me suis levé pour aller travailler mais… je ne savais plus quel était mon travail…

Tout bascule souvent du jour au lendemain. La veille on était allé travailler, à peu près normalement et, subitement, le jour suivant, sans savoir pourquoi, la machine s’enraye. Autrefois, on parlait de surmenage, aujourd’hui on parle de syndrome d’épuisement professionnel, « burn out » en anglais dans le texte.

On avait toujours pensé qu’on passerait à travers les mailles du filet, que ça n’arrivait qu’aux autres. On s’était dit qu’on était fort et qu’on…

 

...n’était pas du genre à basculer dans ce genre de situation et puis, un jour, subrepticement, on finit par s’inscrire sur la liste des victimes du burn out, liste qui ne cesse de s’alourdir… Le burn out touche n’importe qui.

Ce qui me frappe, c’est la brutalité, la violence, la soudaineté du burn out. 

Souvent, tout se joue un matin, au réveil. Les témoignages en ce sens ne manquent pas.

Certains évoquent une incapacité totale à se lever, à sortir du lit. D’autres disent qu’ils se sont levés mais n’arrivaient plus à marcher, à parler… D’autres encore, se préparaient comme chaque matin, dans leur salle de bain, se rendaient, comme chaque matin à leur travail, mais sur le chemin, parfois sur le point d’arriver sur leur lieu d’activité, ils ne savent plus qui ils sont ou ce qu’ils viennent faire ici. Une des personnes m’ayant fait part de cette dévastatrice expérience me résumait la situation ainsi : « ce matin-là, je me suis levé pour aller travailler, mais je ne savais plus quel était mon travail… »

Beaucoup traduisent cela par une sensation de vide, un vide physique et psychologique.

 

Comment peut-on en arriver là ? Comment cela peut-il être aussi brutal ? Est-ce d’ailleurs aussi soudain qu’il y paraît ?

Si le moment où tout bascule est souvent d’une incroyable rapidité, il convient d’indiquer que des signes avant-coureurs, un certain nombre de signaux d’alerte apparaissent bien avant. En repérant ces signes, dans un certain nombre de cas, on devrait pouvoir éviter le pire, pour soi ou pour ceux qui nous entourent.

 

Ces alertes qui s’installent petit à petit sont les stigmates d’une dégradation progressive d’une situation professionnelle. Tout part souvent d’une surcharge d’activité, d’un changement. Cette nouvelle donne perdure dans le temps et contraint l’intéressé à un investissement chaque jour plus important. On parle alors de « surengagement ». Dans la majeure partie des cas de burn out, on a affaire à des collaborateurs qui aiment leur travail et qui le font avec passion. Passion. Étymologiquement, une souffrance et quelque chose qu’on subit.

Ici, la passion que voue le collaborateur à son activité, à son métier finit par le dévorer.

 

Parallèlement à cet investissement qui requiert beaucoup d’énergie, l’individu (manager ou non) manque de plus en plus de moyens pour faire face à cette nouvelle charge, à cette demande grandissante, à ces exigences s’intensifiant.

Très vite, un écart va se creuser entre le niveau de qualité que vise le collaborateur et sa difficulté pour y accéder.

 

La fatigue gagne du terrain et favorise encore ce déphasage qui conduit l’individu qui mettait la barre très haut à faire le constat que ce qu’il produit est de moins en moins conforme à ses attentes ou à ce qu’on attend de lui. La déception, la frustration, une tendance à la perte d’estime de soi commencent alors à gangréner la santé mentale et l’intégrité physique de l’individu.

Le corps et l’esprit se mobilisent, mais si la demande est trop forte, cette mobilisation va provoquer une surchauffe interne (psychique et physique) et l’individu va finir par se consumer, littéralement brûler de l’intérieur, « burn out », un peu comme un appareil électronique sous tension auquel on n’accorderait aucun répit.

 

Mais comment se fait-il que personne ne réagisse avant la phase finale, avant la chute ?

 

Intéressons-nous à ces signes qui devraient nous alerter.

Dans bien des cas, l’individu concerné connaît des troubles du sommeil. Difficulté d’endormissement, réveils nocturnes, réveils très matinaux et impossibilité de se rendormir. En toute logique, ces nuits tourmentées ont rapidement des conséquences sur les journées qui sont vécues dans une fatigue grandissante. Peuvent s’ensuivre des manifestations dermatologiques, des maux d’estomac, des douleurs musculaires et notamment lombaires… A cela s’ajoute une irritabilité, une perte de confiance, le sentiment qu’on ne va pas y arriver… Et progressivement, le sentiment que personne ne comprend, sentiment qui conduit très vite l’intéressé sur la pente glissante de l’isolement…

Si on ne tient pas compte de tous ces signaux, c’est peut-être parce qu’on les connaît trop bien, qu’on les a déjà vécus, isolément, dans d’autres contextes et qu’on s’en est sorti. La particularité du burn out est qu’il provient de l’accumulation de ces symptômes, de leur récurrence et enfin de leur intensité.

 

Au lieu d’avoir le réflexe de se reposer, de s’économiser, de laisser « refroidir la machine », on entre dans cette spirale infernale, croyant voir au bout une lumière qui n’est en fait qu’une illusion.

On devrait, dès les premiers symptômes (chez soi ou chez les autres !), agir !

« J’arrive de plus en plus tôt le matin, je rentre de plus en plus tard le soir… » Clignotant ! « Je dors mal… » Clignotant ! « J’ai tendance à ramener de plus en plus de dossiers à la maison, je suis, par tous les moyens que m’offrent les nouvelles technologies, l’évolution de mon activité, jour et nuit, y compris lorsque je suis en congés… » Clignotant ! « Je me sens de plus en plus seul… » Clignotant ! « je prends de moins en moins soin de ma personne ! » Clignotant !

 

Être à l’écoute, être attentif et agir !

On a tous connu, à la maison, la fuite d’eau. Elle ne nous inquiète pas plus que ça. Parfois, en guise de solution provisoire, on met un seau ou un petit récipient… Et puis, si on ne fait rien, un jour l’eau déborde. Une seule goutte peut suffire. Pire, peut-être que la canalisation va sauter et ce seront des torrents d’eau…

 

On a vu des burn out éclater parce qu’on faisait une remarque insignifiante à une personne, parce qu’elle rencontrait, dans son quotidien, un souci technique mineur. Vous l’aurez compris, c’était l’arbre qui cachait la forêt. La goutte d’eau.

 

Un burn out, ce sont parfois des années gâchées, des existences marquées à jamais, des vies professionnelles cabossées.

C’est la responsabilité de chacun d’éviter ces situations. La responsabilité de l’entreprise également, qui dans ses modes de fonctionnement, dans la pression qu’elle génère, dans la posture managériale qu’elle instaure, devient parfois une « machine à broyer ».

 

Et si nous étions davantage dans la prévention plutôt que dans la guérison ?

Et si nous étions un peu plus vigilants ? Et si nous étions un peu plus bienveillants vis-à-vis de  nous-mêmes et vis-à-vis des autres?

 

 

Le burn out est reconnu en France comme maladie professionnelle depuis le 7 juin 2016.

 

 

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